Walking Olive l’a fait. 4421m.
1h30, le réveil sonne. Je suis au taquet. Tout étant déjà prêt, je n’ai qu’à enfiler le pantalon, les chaussettes, et les chaussures (après une petite couche de NOK sur les pieds comme chaque matin)
A 2h10, tout le monde est prêt. Les frontales en place, les sacs sur le dos. Nous sommes donc huit. C’est parti.
Au bout de cinq minutes, on doit traverser une rivière pour attraper la jonction vers le Mont Whitney. Nous sommes plusieurs à traverser pieds nus, avant que l’on ne voie un petit pont de rondins de bois en équilibre précaire. Trop tard pour moi. Je perds une bonne partie de la crème anti ampoules au passage, récupère quelques gravillons dans les chaussettes, et j’ai les pieds gelés. Ça commence bien !
Ce coup ci, nous nous mettons en route pour de bon ! Nous suivons le sentier à la frontale, parfois en le cherchant un peu. On remonte la rivière 1h30 environ. On croise des biches à quelques mètres du sentier.
Le groupe va vite. J’étais content d’avoir un sac léger, mais les autres aussi ! Le sentier se perd ensuite dans des névés de plus en plus fréquents et larges, puis, ce n’est plus que neige et glace. Nous suivons les traces de pas, tout en vérifiant le tracé au GPS. Le groupe se scinde en deux. Nous nous rejoignons régulièrement lors des pauses.
La pente neigeuse s’accentue fortement à l’approche du mont, avant les interminables zigzags. Nous sommes trois derrière, à monter plus tranquillement. Merci à Gabriel et Maverik pour leurs encouragements durant cette étape, et pour avoir un petit peu ralenti volontairement 😉
J’attaque les zigzags. Il doit être dans les 3h30. L’ascension du mont étant à 90% enneigée, je mets mes crampons. Je ne les ajuste pas très bien, mais ils vont quand même m’aider énormément dans la progression.
C’est vraiment très long, je n’en vois pas la fin. Les premiers Hikers sont bien au dessus de moi et toujours bien loin du sommet…
Le jour se lève doucement sur les cimes environnantes, et je désespère en voyant ce qu’il me reste à gravir. Je dois être à peine à la moitié.
Nous éteignons nos frontales, et mes deux compagnons prennent de l’avance. Je continue désormais en solo, derrière le groupe plus rapide, plus haut de trois ou quatre zigzags, mais je m’accroche. Je sais que je suis plus lent.
Le soleil se lève sur les plus hauts sommets. C’est magnifique et je m’accorde un moment pour savourer cette vue unique.
Il doit être 6h30 lorsque j’arrive à la jonction avec le sentier à l’est (le Whitney Portal Trail), et il me reste 1.9 miles d’ascension.
Le sentier est nettement plus fréquenté à partir de là, et les traces sont plus faciles. Par contre, si l’on voit la fin des zigzags, le sentier est maintenant à flanc de falaise (par sentier, je veux dire les traces dans la neige…). Certains passages sont vraiment impressionnants, et j’ai le palpitant pendant un bon mile.
Je reste bien concentré sur chacun de mes pas.
La phase finale est plus facile et moins abrupte. Les traces arrivent sur un grand dôme, que l’on remonte.
Je distingue le refuge d’urgence du sommet, j’y suis presque. Encore un effort ! Mes nerfs craquent. Je pousse des cris de rage presque à chaque pas, les yeux trempés par le vent froid ou par l’émotion. Encore quelques rochers, et les premiers Hikers me congratulent. J’y suis !
Bon sang, que d’efforts pour être là, mais j’y suis !
Il est 8h30, le temps est magnifique, et j’ai gravi le Mont Whitney, à 4421m, après 1200m d’ascension dans la neige. L’émotion est forte, ce n’est pas tous les jours que je remporte une victoire comme ça. Je voudrais le partager, mais le réseau pourtant fonctionnel semble foirer avec l’itinérance, et je n’ai plus rien.
Je tourne ma petite vidéo (désolé pour les reniflements mais j’avais déjà le nez qui coulait en Californie du sud, puis dans le désert, alors à 4000m…)
et je prends quelques photos, mais déjà il faut redescendre.
La neige ramollit vite au soleil, et rend la progression difficile (et dangereuse).
Je repars donc à 9h, après avoir réajusté mes crampons. Cette descente va être presque aussi longue que la montée, et je vais me faire aussi peur sur les passages abruptes.
Je profite qu’il fait jour pour prendre des photos que je n’ai pas pu faire à l’aller.
Arrivé en bas, la neige est très ramollie. Il est 11h. C’est amusant mais devient vite fatigant. Ça y est, je retrouve le sentier. Je filtre 2 litres d’eau à 3600m. Elle devrait être bonne !
Peu après, je fais connaissance avec une marmotte, puis quelques biches.
Je profite du bon temps et savoure cette belle journée avant de rejoindre la plaine et le camp de base.
Une fois de retour, je fais comme les autres. Je plonge dans ma tente et je fais une sieste !
Demain, je ferai les douze miles qui me rapprocheront suffisamment de Forester Pass (4000m) pour le franchir après demain matin (les crampons seront encore de service).
Dédicace spéciale pour ma Coune, il y a au camp de base des toilettes sèches avec vue sur le jardin, et les marmottes qui y gambadent.
Émouvant, walking olive. Congratulation !
Je savoure ton récit. C’est une etape qui transcende. Tu le partage bien. Emouvant en effet.
Sinon les american marmottes ne sont pas aussi farouches que nos mercantourians !
-Y
Ouai hein, et l’american biche…
Emouvant, c’est bien le mot !
Chapeau bas !
Tu m’as donné des suées avec ton épopée…j’avoue que la pire fut la découverte des toilettes sèches avec vue dégagée ?
Entre ces toilettes et la douche de Warner Springs ou casa de luna t’as plus de problèmes de timidité
Coucou Olivier,
Avec Gib on suit ta progression, c’est extraordinaire ce que tu fais!
Courage et Bravo!
On pense très fort a toi.
Gros Bisous. Colette et Gib
Bisous 🙂
Bravo
bravo pour ton ascension
tu l’as fait super
bisous
Bon j’arrive en retard, vu que j’avais eu le récit oral je m’étais pas précipitée sur l’article (shame on me)
Très bel article, ne t’excuse pas on renifle tous avec toi maintenant !! 😛
Bisous !!! On pense à toi à nouveau sur les cimes en ce moment-même :*
Bonjour,
Petite question préparation: dans le cadre du PCT il n’y a pas besoin de demander de permis pour monter au Mont Whitney, c’est exact? C’est bien compris dans le permis des plus de 500 miles en une fois pour le PCT?
Merci pour ce superbe site très beau et riche en informations!
Bonjour Rémi et merci
Le permis de longue distance inclut effectivement la boucle vers le Mont Whitney depuis le PCT, aller / retour. Ce permis te permettra donc d’aller gravir le Mont Whitney depuis le camp de base de Cabtree Meadow qui est sur le PCT. (tu peux te baser un peu plus haut, beaucoup le font)
Par contre, ce permis ne te permet pas de sortir de la sierra par le Whitney Portal à l’est. Pour rentrer / sortir, il faut un permis spécial.
J’en reste sans voix !!! sauf pour les toilettes… si en fait, ça aussi ça me laisse sans voix XD