Randonnée de deux jours sur la montagne de Lure, dans les Alpes de Haute Provence, afin de préparer les aventures à venir sur le PCT. 40km sur deux jours, 1500m de dénivelé cumulé, une section neige avec bivouac, un vent à décorner des bœufs sur les crêtes à 1800m, cette randonnée promettait d’être intéressante !
Afin de tester mon matériel « Sierra » (piolet, crampons), j’ai rejoint Rémi, qui aura également la chance de vivre « son » PCT cette année. Ensemble, nous allons effectuer cette marche sur tout un week-end, et nous motiver mutuellement.
Rendez-vous à 10h le samedi matin à Saint-Étienne les Orgues, sous un ciel bleu enthousiaste. Après cette première prise de contact et présentations, nous ne perdons pas de temps et commençons à suivre le tracé prévu vers le nord en direction de la petite station de ski de Lure.
Le chemin sur cette première section n’est pas très bien balisé (GR 6), les panneaux de travers, et nous perdons régulièrement le tracé, que nous retrouvons heureusement rapidement en nous repérant au GPS par rapport à la route que nous croiserons plusieurs fois.
Nous arrivons à la chapelle Notre-Dame de Lure, assez ancienne et pittoresque au cœur de sa forêt. C’est l’occasion d’une première petite pause « barre énergétique » et photos.
Nous continuons notre chemin le long du GR 6 sur laquelle la neige a commencé à faire son apparition et percevons finalement des cris et des rires d’enfants. Nous approchons de la station de Lure et de son lot de luges.
La neige recouvre maintenant intégralement le sol sur plusieurs centimètres, et la progression se fait plus lente et surtout plus glissante. Nous percevons nos premières luges, saluons les familles, et atteignons enfin les bâtiments de la station. Quelques minutes plus tard, nous avons traversé les principaux espaces ludiques et continuons notre chemin vers les crêtes le long du GR 6, en laissant dernière nous luges et enfants. Nous nous retrouvons rapidement à nouveau seuls au milieu de la nature blanche, à part quelques marcheurs par ci par là, en train de se promener ou de tenter un peu de hors piste avec leur luge.
En approchant de la crête et des 1800m, nous commençons sérieusement à avoir du mal à progresser dans 20, parfois 30 centimètres de neige tassée, avec un dénivelé important. Nous convenons que le test des crampons est pour bientôt. Notre arrivée au premier « petit » sommet à 1813m est accueillie par un mistral particulièrement violent. Nous étions isolés jusque là, mais une fois exposés sur la crête, nous sommes fouettés et malmenés en continu. Nous profitons de l’abri des pylônes de ce sommet pour enfin tester nos crampons.
Après plusieurs tentatives de serrage et de réglage plus ou moins efficaces, et avec plus ou moins de chance selon le marcheur (:-)) nous progressons vers le sommet à 1823m. Le port des crampons améliore réellement la stabilité sur la neige dure, et ce malgré le vent de plus en plus violent. Le manque de pratique de cet équipement va malheureusement nous coûter à tous les deux notre jambe gauche de pantalon, laminée par les crampons acérés du pied droit. J’en conclus que les guêtres feront partie de mon équipement Sierra cet été, si je ne veux pas abîmer mon prochain pantalon de la même manière !
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Nous continuons de progresser et atteignons le sommet dans un vent infernal. La fatigue se faisant sentir et l’heure du coucher de soleil approchant, nous décidons de ne pas traîner afin de trouver un endroit suffisamment protégé pour pouvoir bivouaquer. Nous décidons finalement de rejoindre une petite piste de 4×4 enneigée en contrebas qui semble isolée de la tempête. Après une descente chaotique même quelques chutes, nous parvenons sur la piste. Le vent disparaît quasiment instantanément, pour notre soulagement. Nous trouverons un peu plus loin un espace plat suffisamment large à côté de la piste pour établir le campement, et dormir au calme. Nous sommes juste avant le Pas de la Graille, à 1600m, et la nuit tombe.
Nous dressons les tentes tant bien que mal et finissons d’établir le camp aidés de nos lampes frontales. Ce soir, nous dormirons sur la neige. Une première pour tous les deux. Chacun se prépare son plat, j’expérimente même de bouillir la neige pour cuire mes pâtes déshydratées. Petite brûlure au passage. Décidément, ce n’est pas « la croisière s’amuse » ! Après ce repas chaud des plus réconfortants, nous sombrons chacun dans notre tente et notre sac de couchage, prêts à en découdre avec la nuit glaciale et glauque.
« Vent 1 – Sommeil 0 » Tel pourrait être le titre du récit de la nuit que nous avons passée 🙂 Le vent dans les arbres n’a pas cessé de la nuit, et accompagné d’une lune presque pleine, maintenant la tente dans une lueur continue, Nous avons difficilement et très mal dormi. Toutefois, nous n’aurons pas eu froid et serons satisfaits de notre matériel. Nous nous levons à 7h pour assister au lever du jour, puis du soleil, pendant que nous savourons un café de chaussettes, tout en rangeant notre paquetage.
Repartis vers 8h, dans un vent toujours aussi présent, nous suivons désormais la crête vers le Cairn 2000, et commençons notre descente vers le sud, sur le GRP du tour de la montagne de Lure. La descente est longue, et la neige disparaît progressivement tandis que la forêt s’épaissit. Nous croisons un chien de chasse, entendons deux tirs, puis croisons deux randonneurs du troisième âge, particulièrement courageux car ils ne sont plus tout jeunes du tout.
Nous parvenons finalement au village de Cruis, la température a nettement augmenté et nous faisons une pause à la fontaine du village, faisant office de bac à poissons rouges. Nous nous ravitaillons en eau, après avoir demandé aux villageois si celle-ci était potable. Puis casse croûte !
Nous reprenons la route après une bonne demi-heure, sous un soleil de plomb, et sans plus le moindre air. Ce matin nous marchions dans 30cm de neige, dans la tempête, et nous voici maintenant dans la situation opposée. Il fait vraiment très chaud pour la saison sur ce chemin.
Nous suivons le GRP à travers champs de lavande et jachères. Nous croisons quelques chiens dont un qui va nous suivre plusieurs heures, avant de nous quitter aussi subitement qu’il est apparu. Le chemin se dirige ensuite vers le Revest, et grimpe à travers une colline directement dans la pente. Le dénivelé n’est pas très élevé, mais le chemin est très boueux, par la fonte de neige ici et là. J’ai vraiment du mal à progresser, surtout que nous avons marché déjà 15km depuis le matin. Rémi, plus en forme, fait preuve de patience lorsque je traîne un peu trop. Et qu’il fait chaud !
Le Revest est un petit hameau perdu entre les collines, totalement isolé. On y découvre un (très) vieux cimetière avec des tombes des années 1800. On le quitte rapidement pour redescendre à travers la forêt, puis les derniers chemins à travers champs. Nous rejoignons enfin la route qui nous mène au village de Saint-Étienne les Orgues. Une bière nous attend impatiemment à la terrasse d’un bistro de la place du village.
Au final, une belle randonnée sur une jolie montagne, pas facile voire parfois un peu chaotique, mais dans tous les cas une super préparation pour les prochaines aventures.
Le parcours :
Joli petit périple !
Ca fini toujours par une bière un trek?
Obligé ! C’est bon pour la récupération musculaire et mentale 😛