Après une nuit très agitée par le vent et la pluie, il ne faut pas trainer, malgré le froid et la fatigue tant morale que physique, les douleurs, etc… car c’est une journée importante !
Il faut rallier le stop de la navette bus de Stehekin avant 15h, et il y a 19,5 miles à parcourir pour cela. Si le chemin jusque là est avant tout une longue descente, ça n’en est pas moins un sacré « run » , comme ce fut le cas pour les journées de Shelter Cove ou Olalie Lake. Je pars à 7h30 profitant encore d’une accalmie, j’engouffre quelques blueberries pour la route, et je me mets en mode « course » . Je vais parcourir 7 miles en deux heures, qui incluent les plus gros « hauts » de cette journée, mais petit à petit, mes jambes me trahissent et mon allure ralentit.

A midi, je suis à 12 miles. Le décor s’avère être principalement une forêt verdoyante, et le sentier longe Agnes Creek en enchainant les petits hauts plutôt cassants pour les jambes. Je ne prend pas le temps d’un déjeuner, avalant une Summer Sausage en marchant. Je ne prend pas non plus le temps de m’arrêter pour faire sécher mes affaires lorsque le soleil fait une percée, de plus en plus durable alors que j’avance vers le nord. C’est « tout ou rien » pour le coup… Je parviens finalement à l’arrêt de la navette à 14h45, fier de mon contrat rempli et de ma ponctualité ! Encore une fois, tout se joue dans la tête, et aujourd’hui, j’ai dépensé un « joker mental » . Le bus arrive comme prévu à 15h, et nous amène à Stehekin au bord du lac Chelan, en faisant halte dix minutes à la boulangerie artisanale du coin, très réputée sur le PCT, à mi-chemin du hameau.

Les boulangeries de Tehachapi ou Bishop ont peut être été plus impressionnantes, mais celle de Stehekin, en plus d’être à la dernière étape, n’en est pas moins atypique, et propose des produits artisanaux délicieux. Je me régale comme un roi avec leur roulé à la cannelle et d’une part de tarte aux baies. Comme il fait beau dans ce coin sans nuages, nous décidons d’aller au campground plutôt qu’au lodge (hors de prix) . Une agréable brise de bord de lac en fin d’après midi se charge de sécher tente et duvet en quelques minutes. Hop, à la douche et lessive, mais avant tout, à la poste ! J’ai bien reçu mon colis de ravitaillement, un colis en provenance de la maison également, pour savourer « l’après PCT » qui approche, dans un tee-shirt « civil » , le pantalon de remplacement d’Outdoor Research également, mais malheureusement pas mon nouveau sac Osprey. Il n’y a aucun réseau téléphonique ici, pas plus que ces derniers jours, et le seul réseau wifi est destiné aux clients du lodge. Je n’ai donc aucun moyen de vérifier si le sac est bien en route, en approche, ou non. Or, demain, je repartirai par la première navette. Ho ! Il y a du Nutella au mini store du lodge. L’occasion est trop belle, pour les derniers jours de marche ! Ce sera le dernier pot de ce PCT !

Puis, petit diner entre copains au restaurant du lodge, Pierre va s’évertuer à allumer avec son briquet une bougie en plastique à LED. Gros fou-rire face au personnel ne comprenant pas la situation… Ils n’ont rien remarqué, pas même l’odeur de plastique brûlé ! Allez, retour à la tente pour dormir au sec, au chaud, dans la bonne odeur des affaires propres… Le Canada n’est plus qu’à 81 miles !