Une grosse journée de liaison, afin de pouvoir profiter demain soir du diner à Timberline Lodge. Au programme, malade, 30 miles, de la forêt, et des ours.
La journée commence avec le lever de soleil sur Olalie Lake et le Mont Jefferson. Ensuite, départ 7h10 pour cette grosse marche. Le décor aujourd’hui, ce sera forêt. Pas d’ouverture, ni de panoramique prévus. Au niveau dénivelé, ce sera principalement du plat et de la descente, en dehors tout de même de trois ascensions sympathiques.
Au bout d’une demi-heure de marche, des douleurs intestinales surgissent brutalement, suivies des conséquences habituellement liées. Je vais devoir faire des haltes d’urgence près d’une dizaine de fois rien que dans la matinée. Je me sens rapidement très fatigué par l’affaire, et je prends beaucoup de retard. A midi, les comprimés commencent à faire effet, et je me sens un peu mieux, bien que tout retourné. Ça va être compliqué de rejoindre le camp des 30 miles à une heure raisonnable. Je me dis que quitte à endurer une journée pareille, autant aller jusqu’au bout, et tant pis pour l’heure.

Le sentier entre dans la réserve indienne de Warm Springs, et au moment où il descend la North Pinhead Butte, un ours traverse le sentier cinq mètres devant moi, suivi d’un ourson. Ouch ! Une maman ours et son petit. Je suis immédiatement le protocole, et lui parle d’une voix douce, la saluant, tout en me reculant progressivement, mais sans faire demi tour. Madame ourse ne daignera même pas se retourner, et m’ignorera totalement, tout en descendant la colline., suivie par son petit, cabriolant de tronc en tronc.
Il aura fallu 2056 miles, mais j’ai enfin croisé la route d’un ours ; et même deux ! De quoi remonter la note globale de cette journée qui avait bien mal commencé…
Le reste de cette étape sera plus monotone et en descente, dans la forêt. Forêt qui se laisse progressivement envahir par la pénombre, me poussant à continuer à la frontale. Des moments comme cette marche, seul dans la nuit, au cœur de la forêt d’Oregon, le jour où j’ai croisé un ours, ça n’a pas de prix… Je parviens au camp des 30 miles sans encombre, après avoir croisé une biche et de nombreux crapauds. Il est 22h40, et je suis dans un état d’épuisement avancé. Je monte vite la tente et m’y allonge, les pieds endoloris. J’espère que le diner de demain soir mérite tous ces efforts ! Et au passage, je suis à moins de 600 miles du Canada.
Walking Olive: fear the walking fur 🙂
L’effet papillon : une coulante le matin qui te retarde juste à temps pour croiser la route de l’ours.
Comme la vie est bien faite 😉